L’Institut de la Méditerranée, le Femise (Forum euroméditerranéen des instituts de sciences économiques) et l’ONG Énergies 2050 ont organisé le 15 mai à Marseille un atelier sur le « Changement climatique dans une Méditerranée en transition : un moteur pour l’attractivité des territoires », avec comme objectif de souligner la nécessité de mobiliser les collectivités locales.
« Les territoires ne peuvent pas se contenter de gérer les retombées des politiques nationales. Ils doivent proposer des solutions techniques, territoriales, humaines, managériales », estime Jean-Charles Lardic. Le directeur de la Prospective de la ville de Marseille en veut pour preuve l’écoquartier Smartseille en cours de construction dans la cité phocéenne, sous la houlette de l’Établissement Public d’Intérêt National Euroméditerranée. « La Méditerranée peut devenir pionnière sur ces nouvelles formes de développement local », indique-t-il.
Bruno Genzana, vice-président du Conseil départemental des Bouches-du-Rhône, travaille sur le Plan Environnement que son institution présentera fin 2018. « Les collectivités locales ont un rôle essentiel à jouer dans cette partition » affirme-t-il. En partenariat avec l’Ademe, le Département a mis en place des aides financières pour les acheteurs d’inserts de cheminées. Il va maintenant tenter de donner un coup de pouce aux véhicules électriques.
L’Institut de la Méditerranée travaille aux côtés des collectivités pour les conseiller et les inciter à agir. Son président, Henry Roux-Alezais, martèle que « le climat n’est pas un thème parmi d’autres, mais un facteur qu’il faut inclure constamment dans toutes les politiques ».
Stéphane Pouffary, fondateur de l’ONG Énergies 2050, constate un « déficit d’ambition et de finances. L’échelon territorial apparaît pertinent car les pays sont engagés sur une feuille de route. Pour la respecter, ils doivent fractionner cet engagement politique dans les territoires. Il s’agit d’un challenge colossal car nous manquons cruellement de données, de projections, de capacités de financement ».
Énergies 2050 édite en collaboration avec l’Institut de la Méditerranée et le Femise un guide 2018 des défis du changement climatique en Méditerranée. Il souligne la place spécifique du bassin méditerranéen dans le nouvel Agenda climatique international, donne un coup de projecteur sur les initiatives portées par les États et les acteurs non-étatiques ».
« La Méditerranée compte de nombreux acteurs qu’il faut fédérer pour rationaliser les actions de chacun et bâtir un agenda commun » explique Guillaume De Laboulaye, responsable programme Climat, Énergie, Bâtiments et territoires durables d’Énergies 2050. Ce besoin de synergie, d’organisation, de rationalisation, apparaît vital. « Il existe une multitude de rapports, souvent très sectoriels. Notre guide se veut transversal. Il identifie les vulnérabilités mais aussi les opportunités d’agir » explique Stéphane Pouffary. « Nous le savons tous, la Méditerranée constitue un point chaud des dérèglements du climat. Elle souffre d’une forte vulnérabilité, qu’il s’agisse de l’espace côtier, de sa biodiversité, de la ressource en eau et, bien sûr, des espaces urbains. Notre vision panoramique montre cependant qu’il ne s’agit pas d’une fatalité et qu’il est possible d’agir. Pour cela, nous devons être collectivement en capacité de suivre la mise en œuvre des politiques, impulser une plus grande ambition et de plus grandes complémentarités dans les politiques, au niveau des États, des régions, des villes, voire des acteurs non-étatiques. Il n’est plus possible d’avoir une approche sectorielle désolidarisée des autres problématiques. »