Selon une étude de modélisation climatique publiée dans la revue scientifique américaine Science par un groupe de chercheurs (Yan Li, Eugenia Kalnay, Safa Motesharrei, Jorge Rivas, Fred Kucharski, Daniel Kirk-Davidoff et Eviatar Bach), couvrir 20% de la surface du Sahara avec des éoliennes et des panneaux solaires permettrait d’alimenter toute la planète en électricité et de doubler la pluviométrie dans le désert.
Les travaux demanderaient l’installation de trois millions d’éoliennes et des panneaux solaires. Conduite sous la direction de Yan Li, chercheur postdoctoral en ressources naturelles et sciences environnementales à l’University of Illinois, l’étude estime que les neuf millions de m² couverts d’équipements modifieraient les flux d’air en réduisant la vitesse des vents, et réduiraient les écarts de température au sol en augmentant les minimales. Selon leurs calculs, les précipitations quotidiennes passeraient de 0,24 à 0,59 mm, permettant une croissance de 20% de la couverture végétale, donc de nouvelles cultures et la pratique de l’élevage…sur les 80% du Sahara restant. L’apparition d’une nouvelle végétation favoriserait à son tour la pluie, enclenchant un cycle vertueux.
« Nous avons découvert que les installations à grande échelle de fermes solaires et de parcs éoliens peuvent provoquer plus de pluies et accélérer la croissance de la végétation » constate la climatologue Eugenia Kalnay. « Ces évolutions résultent d’interactions sol-atmosphère complexes qui apparaissent car les panneaux solaires et les éoliennes créent des sols plus rugueux et sombres ».
Yan Li a choisi le Sahara comme théâtre de sa modélisation « parce qu’il s’agit du plus grand désert du monde, qu’il est peu peuplé, très sensible aux changements climatiques et qu’il se trouve en Afrique, à proximité de l’Europe et du Moyen-Orient, qui ont tous des besoins énergétiques importants et croissants ».
« Les impacts sur le climat régional seraient bénéfiques plutôt que préjudiciables, et les impacts sur la température moyenne mondiale resteraient encore faibles comparés à ceux induits par les émissions de CO2 provenant des combustibles fossiles » précisent les auteurs. « Cela souligne qu’outre les émissions anthropiques de gaz à effet de serre provenant des combustibles fossiles et le réchauffement qui en résulte, l’énergie éolienne et solaire pourrait avoir d’autres effets bénéfiques inattendus lorsqu’elle est déployée à grande échelle au Sahara, où les conditions sont particulièrement favorables ».
Reste à trouver les fonds nécessaires pour de tels travaux titanesque, sans parler des défis techniques qu’ils représenteraient. Les auteurs de l’étude reconnaissent ces difficultés. «
Les efforts visant à construire de telles fermes éoliennes et solaires à grande échelle pour la production d’électricité peuvent encore être confrontés à de nombreux défis technologiques (par exemple, transmission, efficacité), socioéconomiques (coûts, politiques) et environnementaux, mais cet objectif est devenu de plus en plus réalisable ».